Aller au contenu

 

Débrider la pédagogie universitaire

Denis Marceau
Denis Marceau

21 mai 2009

Jean-Sébastien Dubé, Service de soutien à la formation

Le 1er juin, Denis Marceau prendra sa retraite après plus de 35 ans de carrière à l'Université de Sherbrooke, dont les 11 dernières années dans l'administration de l'institution. Le développement de la pédagogie universitaire a continué d'être une priorité pour cet ancien doyen de la Faculté d'éducation, que ce soit à titre de directeur du Bureau d'appui aux programmes, de vice-recteur à l'enseignement, de vice-recteur aux études supérieures et à la formation continue, puis de recteur adjoint. Denis Marceau est de ceux qui ont donné ce qu'il appelle volontiers des «coups d'accélérateur» afin de faire évoluer la qualité de formation qu'offre l'Université.

Du BAP au SSE

«Dès 1994, avec la création du Bureau d'appui aux programmes (BAP), nous étions peut-être la première institution québécoise à marquer le pas sur toute la question des programmes et de la pédagogie universitaire, raconte Denis Marceau. La vocation première du BAP était d'appuyer le développement de programmes, mais l'appui à la pédagogie universitaire s'est amplifié. Ma préoccupation a alors été d'investir pour développer ce créneau.»

En 1997, le BAP fusionne avec le Service de l'audiovisuel. Le Service de soutien à l'enseignement (SSE) – renommé Service de soutien à la formation – naît. Pour Denis Marceau, cela constitue un premier «coup d'accélération» en faveur de la pédagogie.

«Pour moi, avec cette fusion, nous étions les premiers dans le réseau québécois à nous avancer aussi loin par rapport à cette mission de développer la pédagogie universitaire et d'aider nos professeures et professeurs et nos personnes chargées de cours dans leur mission d'enseignement», dit-il.

Une préoccupation institutionnelle

Un second coup d'accélérateur est donné quand Denis Marceau devient vice-recteur à l'enseignement et obtient, en contexte restrictif, des fonds substantiels pour soutenir les efforts d'innovation pédagogique.

«En 1998, j'avais demandé au recteur Pierre Reid la somme de 3 M$ pendant trois ans afin de développer ce qu'on a appelé les Grandes innovations pédagogiques, raconte-t-il. L'objectif de ce fonds était de soutenir de grands projets, comme, par exemple, ceux de la Faculté de génie (l'apprentissage par problèmes et par projets), de la Faculté de médecine (l'apprentissage par problèmes et par situations cliniques) et de la Faculté des lettres et sciences humaines (le Bilan du siècle et l'École d'été de chant choral). Ce fonds a aidé les facultés à marquer le pas. Nous étions considérés comme avant-gardistes et les gens des autres universités nous enviaient. Avec ces fonds et un service de soutien en place, on envoyait un signal. Je me souviens que l'on m'ait dit que ces Grandes innovations mettaient en relief une véritable préoccupation institutionnelle pour la pédagogie universitaire.»

Pour des études… supérieures

Coup d'accélérateur numéro trois : le soutien au développement des études supérieures. «Pour moi, 2005 est une année charnière, raconte Denis Marceau. La direction de l'Université avait déjà identifié le développement des études supérieures comme une orientation majeure, mais il fallait l'actualiser. Il n'y avait pas de maillage entre les facultés, pas de tissu institutionnel par rapport aux études supérieures.»

C'est ce qui entraîne la création d'un vice-rectorat aux études supérieures et à la formation continue, que le recteur Béchard confie à Denis Marceau.

«Je suis arrivé en responsabilité et j'ai mis en place un comité d'orientation des études supérieures, dit-il. La valeur ajoutée de ce comité, c'est d'avoir développé une culture institutionnelle concernant les études supérieures. En plus de discuter de grandes questions délicates, les gens ont appris à s'entraider et à ne pas avoir peur de partager leurs expériences, bonnes ou mauvaises. Je suis heureux de ces quatre dernières années. Nous avons accompli une tâche colossale sur plusieurs plans : recrutement, financement, curriculum, encadrement.»

Ce dernier point amène Denis Marceau à piloter un sous-comité sur l'encadrement. La problématique est double : il s'agit de donner la responsabilité de l'encadrement aux professeures et professeurs lorsqu'ils sont bien préparés à l'assumer, mais également de leur offrir de la formation à l'encadrement. Les vice-doyennes et vice-doyens responsables des études supérieures, réunis en un comité permanent sur la formation à l'encadrement, choisissent de se faire aider par le Service de soutien à la formation (SSF).

«Le SSF doit être présent dans toute cette dynamique du développement des études supérieures», affirme Denis Marceau. D'ailleurs, il rappelle que le nouveau document Mission, mandat, structure du SSF rendra très clair ce mandat élargi du service.

«Avec le chemin parcouru en quatre ans, comment l'institution s'outille-t-elle pour développer les études supérieures? Je souhaite qu'il y ait toujours un vice-rectorat préoccupé par la question, mais il faut que l'on relaie bien au SSF ce qui doit être fait pour soutenir et développer une expertise, laquelle va traverser le temps.»

Denis Marceau est fier du travail accompli. «Je pense avoir contribué à débrider les restrictions que les gens pensaient avoir, affirme-t-il. Débrider le développement de programmes, assouplir les façons de faire (le règlement des études est un outil, rappelle-t-il), faire confiance aux gens. J'ai voulu donner le droit aux profs d'inventer. J'ai toujours soutenu l'idée d'une pédagogie centrée sur l'étudiante et l'étudiant. Il faut faire confiance aux étudiantes et aux étudiants pour qu'ils prennent leur envol. Et les profs ont fait du chemin en ce sens.»

S'il s'est souvent fait catalyseur, le recteur adjoint connaît l'utilité du rétroviseur. Ainsi, est-il convaincu de l'importance de la recherche pédagogique. Il aimerait voir les professeures et professeurs publier davantage dans ce domaine. «Nous avons énormément développé. Il est important maintenant d'avoir une réflexion sur ce que tout ça a donné, afin de corriger le tir au besoin», dit-il.

Et quel avenir entrevoit-il pour le Service de soutien à la formation? «Les facultés commencent à réaliser à quel point le SSF est un foyer d'expertise indispensable. Pour moi, il n'y a pas de retour en arrière possible, mais il y a encore du chemin à faire avant que le premier réflexe soit d'appeler au SSF. Je souhaite que le SSF demeure proche des facultés et puisse collaborer avec elles pour répondre aux nombreux besoins de développement de la pédagogie universitaire.»

Merci pour cette accélération, Professeur Marceau.